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Mise en péril de la ressource en eau dans la vallée de Basse Ariège




Par Carmen Guerrero, Amie de la Terre Midi-Pyrénées et Agnès Leclerc du collectif Stop Gravières

Sur l’axe Toulouse-Pamiers, dans la vallée de l’Ariège, l’extraction de sables et de graviers, a pris des proportions industrielles depuis une vingtaine d’années, au détriment des meilleures terres agricoles d’Ariège et de la plus importante nappe phréatique de la région (nappe qui alimente l’Ariège, affluent de la Garonne).

Plus de 1000 hectares sont sacrifiés en basse Ariège sur des zones agricoles bénéficiant d’équipements collectifs importants. Données sur 30 ans, les autorisations permettront l’exploitation jusqu’en 2041. Un peu plus de 250 hectares sont déjà exploités ou en cours d’exploitation, le long de cette nappe.
Avec le Schéma Régional des Carrières d’Occitanie (SRCO), adopté le 16 février 2024 par le Préfet de région, l’Ariège verra sa production de graves alluvionnaires, concentrée sur le secteur de la Basse Ariège, augmenter considérablement.
L’extraction des granulats, par creusement en profondeur, parfois jusqu’au socle, met la nappe souterraine à nu et l’eau se trouve exposée à l’air libre dans les trous d’excavation, ce qui entraîne son évaporation. 

De plus, les « bassines » ainsi formées sont comblées par des déchets du BTP. Il est prévu de remblayer partiellement les « trous » avec 50 millions de tonnes de déchets pour limiter l’évaporation à partir des plans d’eau et rendre un peu de terres artificialisées à l’agriculture. Ces déchets prétendument « inertes » ne le sont pas en réalité au contact de l’eau et provoquent une grave pollution durable à l’aluminium, aux métaux lourds et autres polluants dérivés du pétrole, rendant l’eau impropre à la consommation en aval. Et les terres rendues sont impropres à l’agriculture. Si on veut limiter l’évaporation, il ne faut pas creuser dans la nappe !
La surexploitation des graves alluvionnaires de l’Ariège, qui va alimenter en granulats les chantiers de Grands projets inutiles situés hors du département, comme l’autoroute A69 ou la LGV Bordeaux-Toulouse, se fait au détriment d’une vallée entière qui voit les puits s’assécher, les ruisseaux disparaître, la destruction de la biodiversité et les paysages se modifier profondément et durablement.
Les conséquences économiques sont bien visibles pour le monde rural : restrictions d’eau qui impactent directement les riverains et les agriculteurs. Ces derniers subissent des baisses de rendement et de revenus mais aussi la disparition d’exploitations.
Mais la pollution de l’eau générée ici concerne aussi plus largement l’alimentation en eau jusqu’à l’agglomération toulousaine.
Alarmés par les conséquences désastreuses de cette exploitation massive, des citoyens, des agriculteurs et des associations se sont réunis au sein du collectif STOP GRAVIÈRES pour lutter contre cette exploitation destructrice et intolérable.

Nous avons interrogé un membre de ce collectif pour connaître ses objectifs et ses modes d’action :

« Les associations ariégeoises travaillent depuis des années sur les gravières : alertes, démarches juridiques pour limiter l’extraction et interdire l’enfouissement des déchets du BTP dans la nappe. Elles ont surtout fait une expertise de la problématique sur laquelle nous nous appuyons aujourd’hui.
Le collectif STOP GRAVIERES est né en mars 2023 suite à la marche pour le climat. Cet événement autour des gravières a fait émerger la nécessité de mettre en commun les énergies et les informations, pour informer la population, s’opposer à leur extension et mener une réflexion sur le territoire. 
Il a été le point de départ d’une mobilisation sans précédent sur les gravières d’Ariège, bien relayée par la presse locale, régionale et nationale.
Le collectif est constitué de :

 APRA-Le Chabot (Association de Protection des Rivières Ariégeoises) 
 APROVA (Association de Protection de la Vallée de l’Ariège) 
 CEA (Comité Écologique Ariégeois) 
 Confédération paysanne Ariège 
 Extinction Rébellion Ariège
 La ligue des Droits de l’Homme Ariège 
Il a été rejoint par Eau Secours 31 et les amis des soulèvements de la terre du Val d’Arac

Je voudrais souligner l’importance d’un tel collectif. Il est une expérience de convergence de luttes et d’actions. Aujourd’hui Stop Gravières travaille à construire une force au niveau national.
Nous soutenons le recours en modification du SRCO déposé par 3 associations, le 3 septembre 2024. Les actions ont provoqué des réactions au niveau de la préfecture, suivies de plusieurs réunions avec les principales organisations officielles – le collectif n’étant lui pas reconnu ! Tout a été mis sur la table. Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas ! Les carences en termes de suivi de la qualité de l’eau sont patentes. 
STOP GRAVIÈRES réclame l’arrêt de la destruction des nappes phréatiques par les gravières : changement de mode de production, arrêt de l’enfouissement des déchets.
Nous demandons la création d’un réseau de suivi quantitatif et qualitatif plus dense pour évaluer l’impact des gravières actuelles et ainsi prévoir la catastrophe à venir… 
Remettre à plat les besoins et les utilisations des granulats ainsi que l’aménagement du territoire.
Nous soutenons les luttes contre les projets climaticides et qui mettent en danger nos ressources. »


Publié le samedi 30 novembre 2024.