Édouard Philippe réunit ce vendredi et la semaine prochaine les élus locaux sur le projet controversé d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
« La décision, nous la prendrons d’ici la fin du mois de janvier. Mais avant la fin du mois de janvier [...], je veux pouvoir discuter avec l’ensemble des élus concernés, les élus municipaux, les élus régionaux et les parlementaires, à partir de vendredi et la semaine prochaine », a déclaré le Premier ministre alors que le rapport des médiateurs remis en décembre laisse ouverte une possibilité d’abandon du projet
José Bové est l’un des opposants à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et figure historique de la lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac dans les années 70, aujourd’hui eurodéputé, inscrit une filiation entre les deux dossiers et estime, dans une interview au Nouvel Obs, que « comme au Larzac, Notre-Dame-des-Landes peut devenir un laboratoire foncier ».
Pour l’altermondialiste qu’il est, si l’abandon du projet était décidé, les terres expropriées (et sur lesquelles se trouve la ZAD) pourraient suivre le même chemin que celles du Larzac. « En novembre 1984, nous avons créé la Société civile des terres du Larzac (SCTL). En avril 1985, nous avons signé un bail emphytéotique de longue durée, c’est-à-dire le transfert des terres de l’Etat à la SCTL. Tous les droits et obligations du propriétaire ont été transférés, à l’exception du droit de vendre qui demeure le privilège de l’Etat. Ce bail a été consenti pour 60 ans et a été prolongé pour 99 ans, le maximum, en 2013, officialisé par une signature du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, sur le Larzac », raconte Bové.
Pour lui, il s’agit d’une solution crédible pour l’avenir. « C’est la solution la plus cohérente pour l’Etat et pour les agriculteurs. D’autant qu’il y a moins de propriétaires que dans le Larzac, une partie des terres ayant été acquises par le Conseil général, et une surface moins grande. On a une situation foncière qui me semble à priori moins complexe ».
José Bové aborde aussi la ZAD en se rappelant ceux qui occupaient le Larzac. « La question des »squatteurs« , comme on les appelait à l’époque, ceux qui occupaient des espaces, qui cultivaient des terres, avaient des brebis, comme moi, ne s’est jamais posée de cette manière-là. Ce devrait être exactement la même chose à Notre-Dame-des-Landes. On ne peut pas faire table rase et dire à tous les habitants qui sont là, depuis quatre générations, dix ans ou cinq ans, qu’ils doivent partir », estime-t-il. « Occuper ce lieu (à Notre-Dame-des-Landes) est peut-être illégal, mais c’est légitime. Au Larzac, nous avions porté la bataille jusqu’à construire une bergerie en pierre dans le hameau de la Blaquière. »
« Plus de trente ans après, on a démontré avec le Larzac qu’on peut gérer 6300 hectares, 22 sièges d’exploitations, quelques maisons, et plus de 50 fermiers. On a à la fois le recul, l’expertise sur la durée et apporté des améliorations du droit rural. »
Nous vous proposons de défendre cette position de sortie de crise intelligente en interpellant le Président de la République et le Premier Ministre.