Sur change.org une pétition est parue sous le titre « Non au déboisement de la forêt de Bouconne », en février dernier. A signer ici
Elle a été lancée par un collectif d’habitants de l’Ouest toulousain qui dit regroupé « amoureux de la nature, cyclistes, VTT-istes, joggeurs, promeneurs, ramasseurs de champignons ».
Elle a récolté près de 50 000 signatures en une semaine.
Ces signataires contestent les méthodes d’exploitation forestière de l’ONF (Office National des Forêts) et disent « d’immenses zones au milieu de la forêt sont entièrement déboisées, les coupes ne sont pas sélectives, les sols sont endommagés par les engins ».
Un responsable ONF de l’unité territoriale Bouconne/Gascogne/Astarac répond dans la Dépêche le 20/02/2020 :
Comment est gérée l’exploitation forestière sur Bouconne ?
Le massif forestier, poumon vert de Toulouse, recouvre 2 900 ha, à cheval sur la Haute-Garonne et le Gers. ONF gère la forêt domaniale, propriété de l’État, qui comprend 2 000 ha, mais aussi les parcelles communales, qui appartiennent à des collectivités locales, communes et syndicat de communes, autour de 400 ha. Les 500 ha restants appartiennent à plus de 150 propriétaires privés, des parcelles autour d’1,5 ha en moyenne, mis à part quelques-unes de plus grande taille. Pour exploiter le bois de leurs parcelles, les propriétaires privés doivent obtenir une autorisation de la commune dont ils relèvent. Les coupes de bois effectuées par ONF sont, elles, encadrées par un plan de gestion sur 20 ans, commencé en 2011, validé par le ministère de l’agriculture. Les coupes rases, principalement sur du taillis, qui repousse naturellement assez vite, ne peuvent excéder 2 ha. Le plan prévoit des récoltes de 2,3 m3 par ha et par an alors que la production naturelle de bois est de 3,4 m3 par ha et par an
Quelle est la destination de ce bois coupé ?
Il s’agit à 90 % de bois de chauffage, énergie renouvelable, vendu localement. Des coupes d’éclaircie sont aussi pratiquées sur les arbres les moins beaux pour laisser les plus jolis. De même, les gros pins maritimes, plantés au XIXe siècle, arrivent en fin de course et sont transformés localement, dans le Gers, en palettes de bois. Les moins jolis vont à Saint-Gaudens pour le papier. On ne s’adapte pas à la demande de bois de chauffage, qui augmente, on suit le plan année par année et parcelle par parcelle.
Comment expliquer alors que certains visiteurs vous accusent d’intensifier la déforestation ?
Plutôt que déforestation, terme impropre, il faut parler de déboisement ou d’exploitation forestière. Il n’y a pas d’intensification de l’exploitation forestière. Mais cette année, les, coupes ont été effectuées dans des zones plus visibles par le public. Et l’on n’a pas pu sortir le bois, qui a été stocké sur place, car le sol était très mouillé et les engins l’auraient endommagé. L’exploitation est effectuée en majorité par des entreprises privées désignées sur appels d’offres. Quelques parcelles sont exploitées en direct par des agents d’ONF. La vente du bois sert à financer les travaux d’entretien et de replantation.
Le mieux est d’aller se promener en forêt de Bouconne et voir par soi-même sans doute !
Petite histoire de cette forêt
Tout au long de son histoire, la forêt de Bouconne a été le théâtre d’affrontements entre utilisateurs riverains et propriétaires.
Au néolithique, l’homme cueilleur chasseur devenu agriculteur, déforeste pour gagner des terres arables ; à l’époque romaine, la forêt, domaine des ténèbres, n’appartient à personne, donc à tout le monde. En ces temps reculés, à Bouconne comme dans toutes les forêts, les riverains exploitent le bois pour construire leurs maisons, leurs outils, se chauffer, faire fonctionner les fours à pain, produire du charbon de bois et faire paître les animaux domestiques.
Au Moyen Âge, les seigneurs locaux, par la force, par les alliances ou les héritages, prennent possession des forêts et accordent des droits aux communes riveraines contre avantages ou rémunérations. Pacage, glandée, affouage sont accordés aux communes de Daux, Pibrac, Léguevin, Lasserre, Lévignac et aussi certains droits à la ville de Toulouse.
Les restrictions de ces droits provoqueront au cours des siècles de nombreux conflits entre paysans riverains et seigneurs. Sous Henri IV, la forêt de Bouconne devient royale et les tentatives d’organisation de l’exploitation forestière pour L’État se heurtent à l’opposition des utilisateurs, qui revendiquent leurs droits ancestraux.
Il faudra la volonté de Colbert sous le règne de Louis XIV pour entreprendre la réformation des forêts françaises, pour une exploitation rationnelle avec, à Bouconne, la création des parcelles numérotées, la construction de maisons forestières et la mise en place de gardes forestiers pour combattre les actes malveillants. Au moment de la révolution industrielle, avec l’utilisation du pétrole et du gaz, l’énergie bois perd de son importance avant que le regain d’intérêt pour cette énergie renouvelable s’affirme au début de ce siècle.