par Joël Crémoux, Ami de la Terre Midi-Pyrénées
L’activité de l’aéroport Toulouse-Blagnac a retrouvé en 2023 un niveau d’activité quasi-équivalent à celui d’avant COVID, de l’ordre de 100 000 mouvements annuels. Un retour à « l’anormal » décomplexé faisant la part belle aux séjours vers des destinations exotiques ou week-ends à l’autre bout de l’Europe. Cependant, suite aux plaintes grandissantes des populations soumises aux nuisances aériennes de l’activité de l’aéroport de Toulouse Blagnac, l’État a décidé d’agir… ou du moins de faire semblant d’agir.
« Approche équilibrée » ou « approche du vide » ?
Le 27 septembre 2023 a été lancée l’EIAE (Étude d’Impact par Approche Équilibrée) de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Quésako ? Il s’agit d’une démarche encadrée par une loi européenne qui vise à établir un scénario de régulation de l’activité aérienne d’un aéroport.
Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées (ATMP) étant membres du collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT), nous avons participé à ces réunions. En tant que représentant des ATMP je n’ai jamais été dupe de l’inutilité de cette démarche mais j’ai suivi la majorité du collectif qui a décidé d’adhérer à ce « machin ».
Pour lancer cette étude d’impact, la préfecture a missionné la société CGX. Celle-ci, afin d’entendre toutes les parties, a présenté sa méthode de travail aux différents acteurs répartis en trois collèges : industriels, politiques et associatifs. Pour cela, entre novembre et décembre 2023 elle a organisé six réunions. En fait, il s’agissait de la même réunion répliquée 6 fois, deux réunions pour chaque collège. Les différentes parties ne se sont jamais croisées. J’ai représenté les ATMP pour les associations au cours de la réunion de novembre 2023. A cette occasion nous avons appris que la mission de cette société était d’établir les nuisances sonores du site aéroportuaire et, ... c’est tout !
Les associations ont indiqué que le diagnostic des nuisances sonores était déjà effectué et validé. Il fallait maintenant passer aux propositions pour diminuer les nuisances. Pour les ATMP, j’ai lourdement insisté pour que soient également prises en compte les pollutions atmosphériques et ainsi que les risques liés aux chutes d’aéronefs.
Impossible de savoir si ces demandes ont été retenues. Pour l’instant, aucune de ces réunions n’a fait l’objet d’un compte-rendu communiqué aux participants.
La démarche de CGX s’est prolongée par l’envoi, courant janvier 2024, d’un questionnaire nous demandant des propositions. Les ATMP, représentés par Françoise Noiret, Catherine Bienaimé et moi-même, ont répondu en reprenant les points évoqués ci-dessus. D’autres réunions sont à venir.
Tous gagnants, vraiment ?
Dans le même temps, l’enfumage se poursuit. Le jeudi 21 mars 2024, c’est en grande pompe qu’a été signé un pacte « gagnant-gagnant » entre l’État, les élu-e-s, les industriels, l’aéroport et deux associations.
Ce pacte, mené par l’État « vise à limiter le nombre de personnes souffrant de nuisances aériennes et devrait évoluer vers de possibles mesures de baisse du trafic en cœur de nuit (00h 06h) »....mais pas avant l’été 2025 ! Les gestionnaires de l’aéroport n’ont pas beaucoup de soucis à se faire.
Les associations CCNAAT et France Nature Environnement qui ont signé ce pacte « gagnant gagnant » ne sont dupes de cette tartufferie. Vous pourrez consulter, sur leurs sites, les critiques sur les démarches proposées. Pour les Amis de la Terre, j’ai participé aux réunions mais je ne cautionne pas la méthode de travail proposée par la préfecture : mission confiée à une société qui refait le travail déjà effectué, ciblage sur les nuisances sonores uniquement, aucun échange entre les différentes parties.
Beaucoup de blabla et de perte de temps face à l’urgence climatique ! Depuis des années, nos revendications restent les mêmes : transparence sur le vrai prix du billet aérien, arrêt des subventions à ce mode de transport, exécution des décisions de justice concernant la pollution atmosphérique.
L’urgence climatique demande autre chose que ces vagues promesses qui, pour l’aéroport de Toulouse Blagnac, ne se profileraient maintenant pas avant l’été 2025.