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LGV et enquête publique : Non à un projet du passé !




par Pierrette Thirriot

Après de très nombreuses péripéties et recherches de finance-ments par nos chers élus, les voilà un peu rassurés car l’enquête publique qu’ils appellent de leurs vœux a enfin commencé ....
Depuis le 14 octobre et jusqu’au 8 décembre, chacun peut jouer son rôle de citoyen et noter tout le bien qu’il pense de cet investissement ruineux sur les registres de l’enquête publique mis à leur disposition dans les diverses communes le long du tracé de la LGV (Préfecture de Toulouse, Mairies de Toulouse, Fenouillet, Lespinasse, Saint Jory et Castelnau d’Estrètefonds).

Au moment des élections, nous avions fait parvenir à divers responsables et élus, les remarques que les Amis de la Terre ont soulevées concernant un projet qui leur paraît toujours aussi peu nécessaire au bonheur des habitants de nos vertes régions. M.Chauzy (Conseil économique et social régional) n’a pas daigné répondre, pas plus que le président de région, M. Malvy, ou M. Marziani son adjoint aux transports, ainsi que le président du Conseil Général M. Izard.
Par contre, Messieurs les candidats aux élections municipales ont bien voulu nous adresser un courrier avec leur point de vue, qui est des deux côtés de l’échiquier très favorable à la LGV. Le style de M. Moudenc était moins diplomatique et nous reprochait le ton parfois « agressif » de notre courrier. Il est vrai qu’est agressif celui qui ne pense pas la même chose que vous. Cela s’appelle « la démocratie » et l’exemple donné par les joutes municipales ou parlementaires se retrouve sans nul doute dans les remarques faites par des citoyens qui expliquent leur désaccord avec la « ligne officielle ».

Les arguments des Amis de la Terre, qu’ils n’ont cessé de répéter depuis des années, rejoignent, au-delà de Midi-Pyrénées, ceux des opposants de la ligne Bordeaux – Espagne.
Est-ce réellement un projet d’intérêt général ? On sait, selon les diverses estimations, qu’à peu près 8% des voyageurs seulement prennent le TGV. Est-ce cela que l’on désigne sous le terme « d’intérêt général » ? A côté de cela, 92% des autres voyageurs prennent les corails, intercités et TER, subissant régulièrement annulations, pannes, retards et incidents divers. Il ne faudrait pas que le service public et le transport de proximité soient les grands oubliés de ce « progrès » qu’on nous vante tant.
Par contre, ce projet provoquerait des nuisances de portée générale qui affecteraient sérieusement la collectivité. Avec un coût prévisionnel de 8,037 milliards (valeur 2011 non actualisée), le projet atteindrait pour l’ensemble (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne) la coquette somme de 13 mil-liards ! Comme à chaque fois, on peut raisonnablement s’attendre à de gros dépassements liés à des « imprévus » ou plutôt à des éléments que les promoteurs du projet n’ont pas voulu voir : minorer la note est hélas une entourloupe habituelle pour mieux faire accepter ce genre de projet pharaonique.

Et le coût du billet dans tout ça ? Aujourd’hui, le train est malheureusement plus cher que l’avion mais, après les investissements ruineux que l’on projette, combien paiera le voyageur qui sera obligé d’allonger son trajet de 150 km pour rejoindre Paris de sa lointaine province lotoise, aveyronnaise, tarnaise ou ariégeoise ? Contourner la moitié de l’hexagone pour aller à Paris est une insulte à la suprématie de la ligne droite dont on nous apprend qu’elle est la meilleure pour aller d’un point à un autre (la ligne POLT, Paris-Orléans-Limoges-Toulouse pour ce qui nous concerne). Quant au contribuable qui va devoir mettre la main à la poche, même s’il ne prend jamais le TGV, le voilà engagé pour cinquante ans dans le paiement des intérêts, du principal, des déficits et autre avatars !

Le super argument de l’emploi, lui, n’a aucun avenir. Il y aura certes des emplois qui seront pour un temps proposés aux habitants du cru, mais les vrais emplois de long terme seront offerts et pourvus par les équipes des grands groupes du BTP. Ensuite, on nous parle de vitesse, on nous éblouit avec des performances record qui font fondre le temps de trajet à un peu plus de 3 heures pour relier Paris depuis Toulouse. Sacrebleu ! Il y a déjà des lignes existantes entre ces villes ! Pourquoi ne pas les utiliser pour améliorer la sacro-sainte vitesse, puisque c’est elle LA VITESSE, et elle seule, qui semble justifier toutes ces faramineuses dépenses ? Hélas, depuis longtemps, on préfère laisser croupir dans leur jus les lignes existantes, évitant trop de frais pour ces antiquités d’un autre âge ! Il faut être moderne que diable et le diable n’est pas dans les détails mais dans les grands projets fastueux et… inutiles ?
D’ailleurs, stériliser et arracher aux agriculteurs 6.800 ha (pour la totalité du projet) de champs, de bois, de terres fertiles pour nourrir le peuple : c’est ça le progrès devant lequel il faudrait tous nous incliner ? Vraiment la population ne comprend pas que détruire des milliers d’hectares c’est pour son bien ! Mettez-vous cela dans la tête : la grande métropole reste le cadre indépassable de notre avenir, avec ses lotissements « vert bois » et autres « allées des mûriers », ses grands hôpitaux pour soigner les asthmatiques victimes de la pollution : c’est le bonheur assuré ! Grâce à la LGV nous continuerons à avoir tout cela et bien plus encore !

L’environnement et les espaces protégés ? Les zones Natura 2000, les nappes phréatiques, les sources polluées ? On balaie cela et on installe le ballast. Si on se pose trop de question, on ne fait rien, nous dit-on. Il va en falloir des nouvelles gravières pour fournir 30 millions de tonnes de matériaux, et il va en falloir des camions pour transporter et déplacer tout cela. Cela nous promet un « bon » bilan carbone avec ses 2.360 de rotations de camions par jour ouvré pendant la durée du chantier.
Quant à l’énergie nécessaire à un TGV, au-delà de 160 km/h, la consommation électrique des trains croit proportionnellement au carré de leur vitesse et la puissance électrique demandée au cube de cette vitesse. Les LGV nécessitent donc une alimentation surdimensionnée ainsi que la constructions de lignes THT.
Tout ce déploiement de moyens pour faire « gagner » à une mi-norité de voyageurs quelques minutes. Qu’en sera-t-il quand on sait que bon nombre de TGV sont en retard ? Que pèsera ce petit gain face aux dizaines de minutes perdues dans les embouteil-lages aux abords des gares de nos métropoles ? Ce temps « perdu » sera-t-il remboursé par une grande autorité régulatrice ?
Le tracé tortueux, souvent choisi arbitrairement en fonction d’intérêts particuliers douteux, est peu compatible avec la grande vitesse alors que l’aménagement des voies existantes permettrait des performances proches à un coût infiniment moindre. La non-rentabilité, avérée par de multiples enquêtes, la dévitalisation des régions intermédiaires sont les ultimes arguments qui anéantissent l’intérêt général.

L’avenir, Messieurs les promoteurs de ce projet, est ailleurs. Il est, selon nous, dans la création d’activités de proximité, dans l’arrêt du déménagement vers les métropoles des industries implantées dans les villes moyennes. La course exponentielle à la grande vitesse et à la mobilité ne conduisent qu’à une impasse. Loin de réduire l’usage de l’avion ou de la voiture, la création d’une LGV entraîne une telle augmentation des prix que les voyageurs abandonnent le train pour des modes de transport moins onéreux mais plus polluants. L’utilité publique se mesurant juridiquement au travers du ratio coûts/avantages, ce projet ne mérite en aucun cas sa réalisation.
M. Jean Luc Moudenc, maire de Toulouse, dans la revue municipale d’octobre-novembre 2014, nous a averti :
« Dégradation de l’épargne, augmentation des dépenses supérieure à celle des recettes, baisse des dotations de l’Etat... la santé financière de la Ville de Toulouse est fragilisée. Un audit met en évidence cette dégradation. Le maire Jean Luc Moudenc a décidé de changer de cap » . Voilà une déclaration pleine de bon sens ! Face à la dégradation des finances locales, régionales nationales, la sagesse impose un changement de logiciel, un regard apaisé vers un avenir où grande vitesse et dépenses pharaoniques n’ont plus lieu d’être. La LGV, comme nous l’avons dit plus haut, ne représente qu’un projet passéiste, imaginé en des temps révolus qui ne reviendront jamais. Les investissements actuels doivent se tourner vers des projets d’amélioration de transports en vue de proposer aux citoyens des modes de déplacements pratiques, les invitant à délaisser leur voiture avec unique passager, coincée dans les bouchons, au profit de transports collectifs intelligents, reposants, conviviaux.

Pour dessiner un autre avenir, désirable, représentant un véritable « progrès », il suffit d’un peu de bon sens. Changeons de cap, refusons les projets ruineux, refusons la LGV et ses milliards dilapidés pour un caprice du passé ! Citoyens contribuables, participez nombreux à l’enquête publique pour affirmer votre désaccord concernant le projet LGV. Il est temps, grand temps, d’abandonner le rêve LGV qui n’a aucune utilité et qui ne fait qu’accroître la charge d’une dette déjà insupportable, transformant le rêve en cauchemar.


Publié le dimanche 30 novembre 2014.