Pendant que tous les indicateurs économiques et techniques montrent que le nucléaire est dans le rouge et que les renouvelables sont dans le vert, les politiques français mettent en place les piliers de continuation d’une énergie atomique du passé.
Conférence-débat présentée par André CROUZET “Avenir Energies Renouvelables” et Marc ST AROMAN, administrateur du Réseau Sortir du Nucléaire.
à 20h30, salle du SENECHAL
17 Rue de Rémusat – Toulouse (métro CAPITOLE)
Entrée libre.
Pourquoi est-il impératif de mettre le réacteur n°1 à l’arrêt en 2015 ?
Lors de l’enquête publique pour la construction de la centrale atomique de GOLFECH, les plaquettes de propagande en papier glacé distribuées aux riverains du site du village de Golfech évoquaient un fonctionnement de la centrale de 25 / 30 ans.
Par la suite, l’enquête publique qui a été menée n’a plus fait apparaître de durée de fonctionnement des réacteurs, pas plus que les arrêtés légaux d’autorisation de construction et de fonctionnement de la centrale.
La première tromperie grave des riverains et des citoyens était caractérisée !...
Plus généralement pourquoi cette nécessité d’arrêt doit s’appliquer à toute la centrale ainsi qu’aux 400 réacteurs atomiques à travers le monde ?
– Pour des raisons éthiques
Il est parfaitement immoral, pour la production de quelques uns de nos mégawatts d’aujourd’hui, de continuer à produire des déchets à haute activité vie longue qui vont menacer et affecter nos descendants pour l’éternité.
– Pour des raisons de vieillissement des installations
L’irradiation pénètre de plus en plus profondément dans les matériaux :
à chaque seconde de fonctionnement supplémentaire du réacteur, l’irradiation des composants se fait plus profonde sous l’impact des neutrons. Les travailleurs du nucléaire se retrouvent, de fait, exposés à une radioactivité en croissance permanente.
La corrosion des métaux a atteint un degré dangereux : un calcul simple permet d’établir que la quantité de métal arrachée au circuit primaire depuis le démarrage du réacteur en 1990 s’élève à 6,6 tonnes de métal.
– Pour des raisons sanitaires
Une étude de l’INSERM de 2012 montre un excès de leucémies infantiles dans un périmètre de 5 km autour des centrales nucléaires françaises [1].
Une production d’électricité
peut-elle se faire à un tel prix ?
Et à l’intérieur des installations nucléaires
Il faudra encore et toujours plus de personnels subissant des radiations. Les opérations à réaliser en milieu contaminé étant complexes, les robots ne sont toujours pas prêts à prendre la relève pour un bon nombre d’opérations. Un espoir cependant puisque la résistance à l’esclavagisme s’organise chez les intérimaires et les sous-traitants [2].
– Pour des raisons de fragilisation psychologique des travailleurs du nucléaire
En 1986, il fût affirmé que la technologie nucléaire n’était pas en cause dans la survenue de la catastrophe de Tchernobyl : c’était une simple question de technologie soviétique obsolète... mais le pire s’est à nouveau produit à Fukushima en 2011 : un des premiers pays industriel et premier expert mondial en matière de séismes venait de faillir. Qu’il vienne de l’Ouest, de l’Est, du pays du soleil levant...le nucléaire est intrinsèquement dangereux.
En plus de la peur de la survenue de la catastrophe, les travailleurs sont également affectés par le fait de voir une dégradation inexorable de leur outil de travail suite à son vieillissement [3].
Ces travailleurs perçoivent également aujourd’hui une menace directe sur leur emploi suite aux problèmes financiers de la filière atomique . Même si l’État, premier actionnaire, est censé pallier les problèmes de trésorerie des géants de l’atome, ces travailleurs savent que les niveaux colossaux de pertes financières atteints par leur industrie ne pourront pas être comblés.
Avant Fukushima, 80 % des incidents qui survenaient sur les installations nucléaires étaient d’origine humaine et depuis la catastrophe ce chiffre augmente...
– Pour des raisons technologiques d’obsolescence
Même en rajoutant des gadgets, on ne pourra jamais empêcher l’accident : alors que tout avait été finement calculé sur les réacteurs lors de leur conception pour tenter de les protéger contre tous les aléas, depuis Fukushima de nombreuses dispositions ont été rajoutées, non pas pour réellement faire évoluer la sécurité des réacteurs mais pour faire croire aux citoyens que ces réacteurs resteraient invincibles. À titre d’exemple, à quoi peut bien servir un groupe électrogène d’ultime secours si les composants électriques qu’il doit alimenter sont noyés sous par les eaux ?
Aucun des 400 réacteurs au monde ne peut répondre aux exigences des nouvelles réglementations qui s’appuient sur les retours d’expérience post Tchernobyl , post 11 septembre, post sécheresse 2003, post Fukushima... Aucun ne recevrait aujourd’hui une autorisation de première mise en service.
Le seul qui satisfaisait à ces exigences - sur le papier - est l’EPR : et sur le papier seulement, en effet, autant il est facile de théoriser des défenses indestructibles, autant ces défenses cachent concrètement des vices grossiers (techniques, financiers...).
Suite à ce constat large, les politiques n’ont d’autre choix que de sortir la France de l’impasse atomique.
Toutes les données - non exhaustives - évoquées ici démontrent qu’il est l’heure de tourner la page du nucléaire, et pour ce qui est de la nécessaire reconversion des travailleurs de la filière nucléaire, nous nous appuierons sur l’affirmation de l’ancien PDG d’EDF Marcel Boiteux qui déclarait qu’EDF, en son temps, a su « réussir le tour de force de transformer des anciens conducteurs de centrales thermiques à charbon ou à fuel en constructeurs de centrales [nucléaires] » : comment la filière atomique ne réussirait-elle pas maintenant cette reconversion beaucoup plus simple du nucléaire vers les renouvelables ? [4] Le syndicat Allemand IG Metal l’a compris depuis longtemps : à quand cette compréhensions par la CGT en France ?
Tant qu’il reste un peu de financement pour l’atome, les politiques doivent engager le démantèlement des installations de la filière atomique et suivre l’exemple de l’Allemagne [5] en travaillant à l’isolation de l’habitat, aux économies d’énergie, à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables.
Pour Midi-Pyrénées c’est ici et maintenant.