Par S. Sajas, précédent président des ATMP
Infatigable militant du vélo urbain et écologiste radical, Olivier Théron nous a quitté. Cruelle ironie, la maladie lui a pris la vie au moment où les automobilistes se castagnaient sur les barrages dénonçant l’essence trop chère. Olivier aurait parlé des « automodébiles », lui qui aimait tant les sobriquets et les jeux de mots plein de sens.
En 2005, il s’était fait connaître en lançant un yaourt périmé sur la voiture officielle de Sarkozy qu’il qualifiait alors de « sinistre de l’intérieur ». On se souvient aussi de son arrestation scandaleuse pendant une manifestation de vélos, une des fameuses vélorutions
Malgré les condamnations et plusieurs mois de prison, il n’avait jamais baissé les yeux ni regretté ses actes dont il affirmait haut et fort le sens politique.
Le combat pour le vélo (et l’autonomie qu’il procurait au cycliste) était même devenu une philosophie de vie pour ce militant épris de liberté qui voulait vivre dans un monde plus fraternel ici et maintenant.
Passant de la parole aux actes, il avait lancé à Toulouse les premiers garages volants lors desquels il s’installait sur les marchés avec ses outils et apprenait aux passants à réparer leurs vélos.
Dans la cadre de son association « Vélorution », il avait tenté à plusieurs reprises de monter un garage en dur dans divers lieux squattés et autogérés toujours dans l’esprit d’entraide et de réciprocité.
Sa dernière tentative, rue Benezet à Toulouse, avait abouti à un projet collectif dynamique et pérenne... jusqu’à son expulsion toute récente par la mairie de Toulouse.
Bien évidemment, ce genre d’initiatives est insupportable pour notre monde policé, sous contrôle, régi par l’argent et la marchandisation de tout et de tous
Militer aujourd’hui c’est se battre pour que des personnages comme Olivier, hors-norme et irrécupérable par le système, puissent continuer à exister et nous montrer qu’il reste toujours possible de faire autrement.