Par Jean-Charles Valadier, des Amis de la Terre de Midi-Pyrénées
Une conception urbaine passéiste et un mépris pour l’histoire urbaine de Toulouse
Autant la Tour Occitanie est un symbole du syndrome de la bétonisation du quartier, autant la destruction de l’avenue de Lyon et d’autres rues toulousaines dans le cadre du projet TESO (Toulouse Euro Sud Ouest) est un symbole du manque de respect pour les toulousain-e-s et l’histoire urbaine de leur ville.
Afin de justifier les investissements massifs pour faire arriver la ligne à grande vitesse (LGV) à Toulouse et la 3e ligne de métro, Toulouse Métropole propose de dépenser encore davantage pour un quartier d’affaires, de tours et de barres d’immeubles autour de la gare. TESO, c’est 300 000 m2 de bureaux, 50 000 m2 de commerces et de services, 2 500 logements et le premier gratte-ciel de Toulouse, la tour Occitanie de 153 m de hauteur.
Un traitement radical est prévu pour l’avenue de Lyon et d’autres rues derrière la gare qui sont pourtant représentatives de l’architecture historique de Toulouse de la fin du XIX siècle. Le projet prévoit leur démolition pure et simple. C’est un type passéiste de conception qui alimente très fortement le transport des gravats, lequel constitue pourtant une grande part en poids du trafic camion de la ville de Toulouse. C’est un principe qui va à l’encontre de la politique de valorisation des matériaux prônée par les nouvelles mesures écologiques.
Les exigences écologiques et sociales oubliées
Et pourtant, la concertation préalable avec la population avait montré une forte volonté de bâtir un quartier à visage humain, convivial, avec une identité urbaine et architecturale en accord avec notre cité historique, selon un modèle urbain intégrant les dimensions écologiques et sociales de ce siècle.
Les Amis de la Terre de Midi-Pyrénées demandent qu’un projet urbain de densification plus faible soit étudié et soumis au débat public pour que la population puisse être en mesure de choisir. Il prolongerait la forme urbaine de la ville actuelle dans un esprit moderne et écologique, et non en rupture totale comme cela se faisait dans les projets urbains poussés par l’urgence de l’après-guerre.
Le nouveau quartier devrait s’inspirer de la structure paysagère des faubourgs toulousains, composée d’une multitude de petites terrasses et cours végétalisées, et non s’orienter vers de grands espaces ouverts, mais vides, entre des barres d’immeubles de grande hauteur. Dans ce projet, la modernisation de l’avenue de Lyon, de la rue des Cheminots et des rues Chabanon et des Jumeaux respecterait la plupart des immeubles existants en les intégrant au nouveau projet sans destruction systématique de l’existant. C’est un modèle qui favorise la convivialité urbaine, la diversité architecturale et la cohabitation sociale.
De façon plus générale, c’est un modèle bien plus adapté à l’anticipation du phénomène d’îlot de chaleur, pourvu que l’on végétalise les rues, cours et terrasses et que l’on diminue le flot automobile. D’autant plus qu’un cadre agréable de rues et placettes pourvues d’arbres et de bancs valorise la marche et le vélo, ainsi que l’usage des transports en commun.
C’est le modèle le plus apte à accueillir le plus fort consensus pour répondre au défi de la densification de la ville et de la croissance des déplacements. Il se résout tout naturellement en reconstruisant la ville sur elle-même en s’inspirant du modèle des quartiers du centre ville et des premiers faubourgs qui sont parmi les quartiers les plus peuplés de l’agglomération.
Un aménagement qualitatif tel que convenu lors de la concertation préalable est possible, en valorisant les façades des bâtiments existants, quitte à y ajouter un ou deux niveaux, et un rideau de bâtiments en deuxième niveau, afin de permettre une continuité architecturale entre Matabiau et Bonnefoy.
Pour y parvenir, une seule solution est possible : que les élu-e-s fassent un deuxième concours sur la base de ce modèle et qu’il soit soumis au débat public au même titre que le projet de tours et barres proposé.