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Quelle suite peut-on attendre de l’étude In Vivo du CRIIGEN ?




Les résultats de l’étude InVivo

L’étude InVivo dont les résultats ont été publiés en septembre, a fait grand bruit. Menée par le CRIIGEN (comité de recherche et d’information indépendant sur le génie génétique), il s’agit de la première étude menée sur une durée aussi longue, à savoir deux ans, concernant les effets sanitaires des plantes génétiquement modifiées (PGM). En l’occurrence, il s’agit du maïs NK603, mis au point par Monsanto et résistant au fameux herbicide Round Up, produit bien évidemment par la même firme. Portant sur un échantillon de 200 rats de laboratoire, elle a donné les résultats suivants :

Pour les rats non nourris aux PGM :
 Après 13 mois d’expérience : tumeurs 2 à 3 fois moins fréquentes ;
 Après 23 mois d’expérience (durée qui correspond à la longévité d’un rat) : 30% des rats femelles souffrent de tumeurs.

Pour les rats nourris aux PGM :
 Après 13 mois d’expérience : tumeurs 2 à 3 fois plus fréquentes avec :

- Chez les mâles : le foie ou les reins atteints d’anomalies marquées ou sévères ;

- Chez les femelles : des tumeurs mammaires atteignant jusqu’à 25% de leur poids !
 Après 23 mois d’expérience : 50 à 80% des rats femelles souffrent de tumeurs.

Jusque là, le monopole des études dans ce domaine était détenu par l’Agence de Sécurité Sanitaire Française et le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB). Ces instances officielles se contentaient d’analyser – mais on peut dire « d’avaliser » - les études fournies...par les firmes semencières elles-mêmes.
Gilles Eric-Séralini, fondateur du CRIIGEN, avait ainsi pointé, en tant que membre du HCB, des malhonnêtetés grossières dans le protocole expérimental. Ainsi, par exemple, pour masquer la proportion d’anomalies 6 fois plus importante dans le groupe de rats nourris au Mon810, Monsanto n’avait rien trouvé de mieux que de multiplier par 6 la population du groupe témoin, de sorte que le nombre de rats malades était identique dans les deux groupes, fantastique !

Quelle suite peut-on attendre de l’étude In Vivo du CRIIGEN ?

Par Hubert Cros

Comme on pouvait s’y attendre, l’étude fort dérangeante du CRIIGEN propulsée par un titre du Nouvel Observateur qui ne faisait pas dans le détail en déclarant « poisons » les OGM, fut l’objet d’attaques, articles et autres pétitions provenant notamment d’académies (à noter que 6 académies accusent mais que seulement deux signataires sont identifiés !) Les institutions que l’étude rendait nerveuses, HCB, ANSES (Agence nationale de Sécurité Sanitaire) et EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) produisent alors leurs sentences sans risque après ce matraquage des esprits : l’étude CRIIGEN dirigée par Gilles Eric Séralini ne vaut rien, et ne mérite que les poubelles de l’histoire (ce n’était pas écrit ainsi mais fortement suggéré).

Nombre d’amis qui ont pu suivre cette diatribe qui jamais ne put prendre la forme d’un débat serein me demandent maintenant si vraiment il y a un problème avec ces OGM qui, d’un côté, ont toutes les vertus et, de l’autre, sont diabolisés. Dans le doute, ils ont les bras ballants. Ces histoires de rats mal choisis, mal comptés ou qui meurent de vieillesse, que faut-il en penser pour la santé publique ?

Un zoom arrière est peut-être le bienvenu après ces temps agités. Le 6 novembre les USA votaient. Les Etats-Unis sont le principal lieu de naissance des plantes agricoles génétiquement modifiées que l’étude In Vivo du CRIIGEN met en cause. Obama fut réélu, mais ce n’est pas tout, voyons ce qui s’est passé en Californie. Cet état proposait à ses électeurs de faire une cinquantaine de choix en plus du choix du président. La peine de mort par exemple, il fut choisi de ne pas la supprimer, dommage. Un autre choix fut peut-être encore plus âprement disputé que la peine de mort : la motion 37. Elle avait ses promoteur ’Yes on 37’ et ses opposants ’No on 37’ (liens en fin d’article)

Résultat : le non l’a emporté, il reste donc interdit d’afficher la présence d’OGM sur les aliments. On ne peut informer les consommateurs même s’ils le désirent. Ce qui m’intéresse c’est l’une des péripéties de cette campagne pour ensuite tenter de comparer avec ce qui se passe dans l’Hexagone. Les grandes entreprises implantées aux Etats-Unis et intéressées par l’interdiction d’informer les consommateurs sur la présence d’OGM dans leurs aliments ont réuni la rondelette somme de 44 millions de dollar (il est vrai que cela fait ridicule à coté des 6 milliards de l’élection présidentielle états-unienne).

Avec 44 millions on peut par exemple inonder les écrans avec des vidéos peaufinées, aux meilleures heures, référençant une université prestigieuse, avec un personnage aux titres ronflants. Quand l’université demande le retrait de la vidéo car le personnage convainquant et ses paroles n’ont rien à voir avec cette université prestigieuse, il est trop tard, le balisage des esprits est bouclé. Si démenti il y a, il passe relativement inaperçu. S’il n’y a pas de démenti c’est du pur bénéfice marketing pour celui qui a ainsi trompé la population.

L’étude menée par le CRIIGEN a coûté l’équivalent d’environ 4 millions de dollar, mais les industriels ont trouvé 11 fois plus pour empêcher que l’on informe les consommateurs du seul Etat californien. Ce ratio me dérange et il me semble qu’il doit déranger quiconque s’inquiète du fonctionnement de la société, pro ou anti-OGM.

J’ai très tôt considéré que l’étude In Vivo du CRIIGEN était une déclaration de guerre avec des intérêts immenses à la clé (et pas d’erreur, je ne mets pas la santé publique dans ces intérêts immenses).

Oublier ces intérêts c’est se mettre en situation de ne pas comprendre les évènements qui vont se dérouler.

D’un coté une étude qui a eu du mal à trouver son financement, lequel a été refusé par les instances officielles depuis des années. De l’autre un déploiement de moyens considérables pour tenter de maintenir le statut quo.

A ce jour, ce ne sont pas les critiques sévères du dépôt de quelques feuillets par le CRIIGEN qui permettent de juger de l’étude. Les données brutes recueillies au cours de l’étude vont donner une multiplicité de résultats et de publications car tout au long de l’apparition des anomalies de santé des rats, le CRIIGEN à cherché et trouvé les financements qu’exigeait la collecte des données (des analyses coûteuses, non prévues à
l’origine de l’étude, ont été rendues obligatoires par l’obligation l’euthanasier les rats avant la fin de l’étude afin des respecter ces pauvres animaux et aussi les bonnes pratiques de laboratoire).

On peut avancer que les retombées de cette étude dans la connaissance de l’effet des OGM et des produits chimiques de traitement de ces plantes sur la santé vont enfin occasionner un bond considérable après des années de blocage. La Russie a déjà engagé des études similaires et viendra abonder cette étude. La richesse des données disponibles va rapidement
faire oublier les querelles de chapelle qu’ont tenté d’allumer quelques statisticiens qui n’ont pas attendu de disposer des données complètes pour juger de l’étude.

Nombre d’experts, académiciens et autres ont produit des textes qui seront autant d’accusations qui vont leur causer bien des soucis devant les tribunaux quand viendra l’heure des comptes devant le peuple.

Nous devons encourager, chacun à sa place avec ses moyens, le CRIIGEN et tous ceux qui veulent faire la lumière sur ces questions de santé publique, nous le devons à nos enfants.

Yes on 37 : on peut trouver avec entre cottes ’yes on 37’
http://www.carighttoknow.org/

No on 37 : http://www.noprop37.com/


Publié le mercredi 28 novembre 2012.