Point d’étape au 03/12/2019
Il aura donc fallu attendre 52 jours pour disposer de quelques données supplémentaires de l’Autorité de Sûreté nucléaire, l’ASN sur le problème qui a secoué le réacteur n°2 de la centrale de Golfech. Cependant, en dehors de ces quelques éléments, en particulier le reclassement du niveau 1 au niveau 2 sur l’échelle INES (Tchernobyl se situe sur le niveau 7), de nombreux points majeurs restent dans l’obscurité. La Commission Locale d’Information qui va se tenir en fin de semaine devrait encore permettre d’obtenir quelques éléments supplémentaires mais sûrement pas de faire toute la lumière sur cette affaire.
Déroulé sommaire du problème
Pour celles et ceux qui n’auront pas le courage d’éplucher le déroulé de l’évènement fourni par l’ASN, voici un petit résumé sommaire :
– le réacteur était en phase d’arrêt pour rechargement de combustible : cette phase de fonctionnement a été identifiée comme critique dès 2006 par l’autorité de sûreté nucléaire américaine, la NRC, qui reconnaissait que la probabilité de dommages graves au cœur était élevée suite à la quantité très faible de liquide de refroidissement. Il y a en effet, dans cette phase, seulement 45 m3 d’eau dans la cuve, et l’ébullition dans le cœur pourrait se produire en 20 minutes. Pour compliquer les affaires, comme le circuit primaire du réacteur n° 2 de Golfech était encore fermé au moment du problème, la pression a pu augmenter. A mesure que le réchauffement se déroulait, l’injection d’eau, vitale dans cette phase n’aurait pu se réaliser avec, en prime, une évacuation de la chaleur par les générateurs de vapeur impossible suite à l’absence d’eau.
De 1980 à 2006 plus de 50 problèmes de ce type ont été référencés au niveau mondial. Moins précis, ce caractère de dangerosité potentielle est cependant très bien souligné dans l’avis de l’ASN précité.
– deux vannes de mise à l’atmosphère du circuit primaire du réacteur ont été indiquées ouvertes par un opérateur qui, dérangé dans sa tâche (Pourquoi ?), les a laissées fermées. Le circuit primaire s’est donc retrouvé en dépression avec des indicateurs de niveaux d’eau sans plus de signification réelle et donc avec une salle de commande aux opérateurs aveugles. A ce moment là des bulles d’air ont pu entraîner un pompage sans effet du liquide de refroidissement par les pompes du circuit de refroidissement à l’arrêt (Phénomène dénommé cavitation : s’est elle produite ? Les pompes ont-elles du être changées ?). A la Suite de cette erreur, durant 8 heures, le circuit de refroidissement a été vidangé avant que les opérateurs ne s’aperçoivent que le niveau dans le pressuriseur n’avait aucun rapport avec celui réellement vidangé. Ils ont aussitôt demandé l’ouverture des vannes de mise à l’atmosphère qu’ils découvrirent fermée : nouvelle erreur, qui a provoqué une « baisse immédiate et rapide » du niveau d’eau dans le pressuriseur en dessous des capteurs de niveaux ainsi que des mouvements d’eau et d’air en sens opposés entre la cuve et le générateur de vapeur ou se situe justement le point de piquage du circuit de refroidissement à l’arrêt : en clair, l’eau chaude qui sortait du cœur a été renvoyée dans ses foyers ! Il y a probablement eu un certain nombre de secousses mécaniques liées à ces violents mouvement d’air et de fluide...ressenties par les personnels présents sur le site (Aucune donnée disponible sur cette hypothèse).
Quelques inconnues à cette heure, en plus de celles notées directement dans le texte :
– quel était le niveau d’eau dans le circuit primaire lors de deux grandes phases critiques (dépressurisation et mise à l’atmosphère ) ?
– Le combustible a-t-il été dénoyé ?
– Une surpression ou des coups de béliers ont-ils affecté le circuit primaire ?
– Y a-t-il eu des oscillations de la puissance du cœur ?
– A-t-on atteint la température d’ébullition dans le cœur ?
– Quelles ont été les contraintes physiques qui ont agressé la cuve contenant le cœur qui a déjà subi 26 ans d’irradiation et donc perdu beaucoup de son élasticité ?
Grâce à RTE, on a pu voir le redémarrage chaotique du réacteur n°2 qui s’est effectué en toute discrétion le jeudi 28 novembre. Son arrêt est intervenu lundi matin 2 décembre à 4 h, suite à une fuite de vapeur secondaire alors que le réacteur n’a pas réussi à franchir la barre des deux tiers de sa puissance nominale sur 4 jours.
Mais aujourd’hui, 3 décembre à 18 h tout va bien : le réacteur repart, toujours discrètement, plein pot : 533 MWe en 3 h.