Voir ou revoir la conférence :
Dix ans après le début de la catastrophe de Fukushima, les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, les Amis du Monde Diplomatique, Attac Toulouse, FNE Midi-Pyrénées, L’Université Populaire de Toulouse, le Réseau Sortir du nucléaire ont invité deux spécialistes pour faire un point de situation en visioconférence à 21H :
– Christine Fassert, socio-anthropologue, chercheure-associée au CETCOPRA de Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle a coordonné le projet de recherche franco-japonais SHINRAI et a été licenciée par l’IRSN pour insubordination en septembre 2020
– Rémi Scoccimarro, géographe, maître de conférences en langues et civilisation japonaises à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, il est détaché depuis 2016 à la Maison Franco-Japonaise de Tôkyô (Umifre19 MEAE/CNRS).
En introduction, Marc Saint Aroman a fait un rapide point d’actualité française. Voici quelques liens de référence :
– Sur la prolongation à 50 ans : voir le site de l’ASN
– Sur le délai de la mise en œuvre du REX : voir le site de l’IRSN
« Cependant, le programme de renforcement prévu par EDF n’est pas achevé,notamment en ce qui concerne les modifications visant à renforcer la robustesse des installations face à des agressions de niveau extrême, qui s’étendront a priori jusqu’à 2034. »
– Sur la reconnaissance par l’ASN sur le risque de survenue de la catastrophe en France : voir le site du journal Le Monde
« Série de tests et de travaux pour améliorer la sûreté »
« EDF devra ainsi réaliser une série de tests et de travaux pour améliorer la sûreté de ses réacteurs. « Un premier objectif est de réduire les conséquences des accidents et notamment des accidents graves, avec une fusion du cœur du réacteur », a expliqué Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN. »
– sur le niveau de rejets en cas d’accident : voir le site de la Farce cachée du nucléaire
Après avoir brièvement rappelé les aspects fondamentaux des catastrophes du 11 mars 2011, Rémi Scoccimarro exposa comment, en dépit d’une décontamination plutôt efficace, les territoires frappés par l’accident de Fukushima restent confrontés à une impasse sociale et économique profonde. C’est la différence essentielle d’avec les régions où le seul tsunami a frappé : s’il a provoqué un nombre incomparable de victimes immédiates, le relèvement y est bien en marche. Mais au prix d’un saccage profond, irréversible, et parfois proprement insensé, des espaces littoraux hérités. Dix années après le 11 mars 2011, cette catastrophe qui n’avait rien de naturelle, et les choix opérés pour la reconstruction, interrogent profondément nos modèles de développement, nos rapports de prédation-consommation du milieu et de l’espace, et les choix technicistes de gestion des aléas, au Japon comme en France.
Christine Fassert exposa ensuite les conséquences pour la population de la préfecture de Fukushima de la politique menée par le gouvernement japonais, en centrant notamment sur la question du zonage comme outil de gestion des territoires contaminés (choix d’évacuation, seuil radiologique retenu, …) et sur les critiques qui ont émergé dans l’espace public, en montrant ainsi certains enjeux démocratiques et éthiques de la politique menée après l’accident nucléaire. Elle évoquera aussi le rôle difficile des maires, chargés par les autorités gouvernementales de mettre en œuvre une politique globale de « retour à la normale », et tiraillés entre ces injonctions et les souhaits de leurs administrés, et aux regrets de certains experts et responsables, confrontés sans préparation à la gestion de ce qui n’était pas envisageable : un accident nucléaire majeur. Elle montera aussi que comprendre les conséquences d’une catastrophe comme l’accident de Fukushima implique d’inscrire cet évènement dans un temps long, en montrant la répétition de « motifs » déjà présents au moment de l’accident de Tchernobyl (1986), de Mayak (1957), ou même des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.