Par Richard Mebaoudj, co-fondateur du Collectif « Non au gratte-ciel de Toulouse »
En mars 2017, le maire et Président de Toulouse Métropole, JL Moudenc, dans une opération de communication orchestrée au Marché International des Professionnels de l’Immobilier de Cannes, fait une annonce qui surprend tous les Toulousains : la décision de construire un gratte-ciel de 150 mètres sur le site de l’ancien tri postal à la gare Matabiau. Les riverains et les Toulousains réalisent qu’ils n’ont été ni consultés, ni même informés ! Nous apprenons tous par voie de presse, qu’à la suite du concours lancé par la SNCF, propriétaire du terrain, c’est « La Compagnie de Phalsbourg », promoteur-investisseur, qui a été choisie pour réaliser cette tour qui devrait accueillir un hôtel 4 étoiles, un restaurant, des logements de luxe, des bureaux, et des commerces. Le gratte-ciel, nous disent le maire et la presse, devrait être mis en chantier en 2019 pour être livré en 2022 ; j’en conclus aussitôt, que la Tour Occitanie va être imposée à la population par le maire et par le promoteur immobilier dans un grand déni de démocratie locale.
Pour alerter l’opinion et combattre pacifiquement ce projet inutile et énergivore, je décide dès juin de créer le Collectif « Non au gratte-ciel de Toulouse ». Dans la torpeur de l’été toulousain, certains nous rejoignent et nous enquêtons, consultons, recoupons de façon à réunir et à proposer aux citoyens des informations fiables.
Et la reconstitution du dossier laisse éclater l’évidence ! Ce projet de tour a été suggéré par des promoteurs immobiliers qui ont négocié entre eux et avec Europolia, la société publique locale d’aménagement de Toulouse Métropole, dont JL Moudenc est le PDG ; les présidents d’associations de quartier et les particuliers qui avaient participé activement aux consultations pour le projet TESO pour les aménagements des quartiers alentours de la gare au printemps 2016 avaient été laissés dans l’ignorance de ce qui se préparait derrière leur dos : la construction du gratte-ciel qui serait présentée ensuite le 13 juillet 2017 dans un Toulouse désert par M. Moudenc comme le cœur du futur quartier d’affaires Matabiau ! Le gratte-ciel est donc « sorti du chapeau » des promoteurs et a été décidé en comité restreint à la surprise générale des Toulousains !
Face à cela, notre Collectif regroupant des riverains et des habitants de toute l’agglomération a décidé de dire Non à ce projet de tour, car il refuse :
D’être spectateur de la destruction du paysage urbain de Toulouse,
De laisser porter atteinte à la biodiversité et à l’intégrité du canal du Midi, voisin du projet, classé au patrimoine mondial de l’Unesco et site classé au regard du code de l’environnement,
De subir la détérioration de la qualité de vie des Toulousains : pollution et augmentation du trafic automobile, ombres portées, réverbération,
D’être écologiquement irresponsable face à un projet au bilan carbone d’une autre époque, alors que dès 2020, l’énergie positive, absente de ce projet, sera obligatoire pour les constructions neuves,
D’assister à la spéculation immobilière à laquelle un tel projet va contribuer et qui laisse présager une hausse des loyers et du coût de la vie, ainsi qu’une perte de convivialité générale dans les quartiers alentours,
De financer par nos impôts les aménagements nécessaires à ce projet d’initiative privée : accessibilité au bâtiment, réfection de la voirie, etc., à la charge de la Métropole,
De subir des décisions de grande ampleur sans que les citoyens n’aient la possibilité de donner leurs avis.
A coup de belles images de synthèse, les décideurs de ce projet tentent de faire croire que la présence de quelques arbustes en conteneurs suspendus à plus de 20 mètres de haut, peut transformer cette tour en construction moderne aux normes écologiques responsables.
C’est faire abstraction du coût environnemental et énergétique que représentent la construction et l’entretien d’un gratte-ciel. La modernité impose au contraire une certaine sobriété et une réflexion sur les enjeux d’avenir.
Pour pouvoir imposer leur projet à la population, le maire de Toulouse et le promoteur voudraient que la construction de la Tour Occitanie débute dès 2019, d’une part pour échapper à l’obligation d’énergie positive et se réaliser avec des normes environnementales vieilles de 10 ans, et d’autre part pour éviter une éventuelle remise en cause, que nous appelons de nos vœux, lors des élections municipales de 2020.
Nous lançons un appel à signer et faire signer notre pétition pour que les Toulousains puissent se prononcer démocratiquement
Avec la perspective de la bataille de l’opinion publique, avec les débats qui débuteront dès janvier 2018, nous avons de bonnes chances de l’emporter si nous persévérons !
Plus d’information sur notre Facebook « Non au gratte-ciel de Toulouse ».