Plusieurs associations de quartiers limitrophes de la gare Matabiau ont publié un manifeste invitant les candidats métropolitains à réorienter le projet Grand Matabiau Quais d’Oc, ex-Teso. Ce dernier n’ayant plus, pour les signataires, sa place, tel quel, face aux bouleversements climatiques et économiques annoncés.
Nòu Matabiau serait son nom. La concertation serait son maître mot. L’écologie serait son étendard. Et l’innovation urbaine, ses fondations. Il s’agit d’un nouveau projet qui prendrait place sur le socle historique de la gare de Toulouse. Élaboré collectivement par les associations de quartiers proches de Matabiau, ses contours ont été publiés dans un manifeste, soumis aux candidats métropolitains encore en lice pour le second tour des municipales.
« Sous des airs de modernité, le projet de réaménagement de la gare Matabiau, initié par Jean-Luc Moudenc, nous ramène aux années 1970 », déplorent les signataires, qui dénoncent « un quartier d’affaires froid et sans âme ». Eux demandent, comme ils l’ont déjà mentionné lors des différentes concertations lancées dans le cadre des enquêtes publiques, un quartier à visage humain, convivial, dont l’identité urbaine et architecturale serait ancrée dans la ville.
« Pour nous, l’aménagement de cette immense zone urbaine doit être le laboratoire de ce qu’il faudrait réaliser en matière de mobilités décroissantes, d’urbanisme écologique, de démocratie locale, de culture, de mixité sociale et inter générationnel, d’économie solidaire créatrice d’emplois », affirment les associations. Elles appellent de leurs vœux un réaménagement plus proche de la nature, respectueux de la santé et de la qualité de vie des habitants.
Les sept associations signataires [1], soutenues par les Amis de la Terre, attendent ainsi davantage d’engagements des élus pour l’intérêt général face aux intérêts extérieurs. Et que ces garanties ne changent pas. En revanche, les positions prises par un maître d’ouvrage devront, elles, pouvoir être revues à la marge avec l’accord des habitants, mais ne pourront pas être remises en cause sans concertation.
Mais il est une promesse que les riverains souhaiteraient immuable : celle d’un quartier résolument tourné vers la nature. D’abord, en trouvant des solutions viables pour diminuer la pollution atmosphérique et donc, en remettant en question la place de la voiture. Pour cela, « la gare doit devenir un pôle multimodal exemplaire », lancent-ils. Ensuite, en incluant dans le projet un véritable urbanisme agricole et une réelle biodiversité.
Des orientations auxquelles les associations de riverains accolent des propositions concrètes comme celle de l’abandon de la tour Occitanie : « Ce projet irresponsable et probablement infaisable en l’état, restera s’il se réalise – et nous ferons tout pour qu’il ne se réalise pas – la marque indélébile du péché d’orgueil du maire sortant, imposé sans concertation, hors d’échelle et dont la végétalisation, de ses jardins suspendus – non accessibles aux résidents – semble improbable », expliquent les signataires du manifeste.
Ces derniers interpellent également la SNCF, partenaire privilégiée du projet. « À notre connaissance, elle vendrait, directement au privé, la parcelle de l’ancien tri postal où un projet démesuré risque de voir le jour. À la suite du Grenelle de l’environnement, l’État avait pourtant sommé la SNCF de libérer du foncier pour le mettre au service du bien commun, afin de construire des logements sociaux », assurent les associations. Elles demandent donc aux élus d’exiger de la SNCF qu’elle se recentrent sur les intérêts communs du projet et des habitants.
Des intérêts communs qui pourraient être élargis si les quatre futurs parvis desservant la gare étaient entièrement dédiés à la rencontre et au dialogue des différents usagers. L’idée serait de consacrer le parvis du canal à la promotion des terroirs, des grands sites et des productions agricoles et viticoles d’Occitanie. Le Conseil régional serait chargé de son animation. Le parvis Marengo, au pied du siège de Toulouse métropole, pourrait devenir celui de la culture avec l’implantation de cinéma ou de théâtres, ou plus facilement de guinguettes, bistrots ou animations éphémères. Quant au parvis de l’avenue de Lyon, il serait proposé au Conseil départemental pour la valorisation de ses politiques en matière d’agriculture durable. Pour finir, le parvis Michelet-Périole resterait à disposition des associations au travers d’un Fablab favorisant la créativité et l’intelligence collective.
Mais ces propositions, énoncées dans le manifeste, nécessitent un croisement d’expertises et de savoirs-faire dans plusieurs domaines pour devenir concrètes. « Tout repose ainsi sur la complémentarité entre le savoir théorique et l’expérience des usagers », estiment les associations de quartiers. C’est pour cela qu’elles suggèrent aujourd’hui aux candidats aux municipales, la création d’une Université populaire de l’innovation urbaine.
[1] AS Lapujade, Michel-Ange, Chalets-Roquelaine, Marengo-Bonnefoy, Bien Vivre à St-Aubin, Non au Gratte-Ciel de Toulouse – Collectif pour un urbanisme citoyen et Cheminots-Saint Laurent