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Pollution de l’air : son coût pour la santé




Introduction à la soirée plénière du 26 février 2014 « Les transports dans l’agglomération toulousaine : problèmes et solutions » par Rose Frayssinet

La pollution de l’air peut être définie, selon la loi sur l’air et sur l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) de 1996, comme l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels.
C’est un phénomène local, continental, mondial.

Les polluants atmosphériques, se présentent sous la forme de gaz ou de particules. Ils font l’objet d’inventaires d’émissions qui permettent d’évaluer les quantités émises pour les différentes sources d’émissions (transports, résidentiel / tertiaire, industrie manufacturière, agriculture …), pour une zone géographique et une période de temps données.
Les principaux polluants suivis : les particules ou poussières en suspension (PM10 et PM2,5), les oxydes d’azotes (NOX), l’Ozone, le dioxyde de soufre (SO2), les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les Composés volatiles organiques (COV), l’Ammoniac (NH3) et le Monoxyde de carbone (CO) plus les métaux lourds, plomb, mercure, arsenic, cadmium, nickel, cuivre.
 Les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution
 Les polluants secondaires se forment par transformation chimique ou photochimique des polluants primaires de l’air comme l’Ozone (NOX, CO et COV)
La règlementation définit des concentrations de références, des valeurs limites et des seuils d’alerte.

 L'exposition à la pollution de l'air a des effets néfastes avérés sur la santé

L’exposition des individus à la pollution de l’air aggrave la morbidité et induit une mortalité prématurée à travers notamment ses effets sur les systèmes respiratoires et cardiovasculaires.
Ces effets peuvent se manifester à court terme, suite à un pic de pollution (effets aigus). Mais ils se manifestent à des niveaux d’exposition plus bas lorsque cette exposition est prolongée (effets chroniques). C’est cette exposition chronique qui constitue aujourd’hui l’enjeu sanitaire le plus important. Les effets de la pollution de l’air s’amplifient au fil des années.

En France en 1996, le nombre de décès attribuables aux particules PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 microns) s’élevait à 32 000, dont 55 % imputables au trafic routier. Ce nombre est encore plus élevé pour les particules fines (diamètre inférieur à 2,5 microns), il s’élevait à 42 000 en 2000. Ces chiffres sont les derniers disponibles pour la France, et sont cohérents avec les résultats d’études plus récentes mais qui ne couvrent pas toute la France.

Dans l’Union Européenne la pollution de l’air cause plus de décès prématurés que les accidents de la route. 500 000 personnes meurent prématurément chaque année dans l’UE en raison de la pollution atmosphérique. L’UE a préparé fin 2013 un nouveau programme « Air Pur pour l’Europe » qui éviterait 58 000 décès prématurés par an en 2030.
L’Agence Européenne de l’environnement met en évidence que 90% des urbains sont exposés régulièrement à des seuils des particules fines PM2,5 supérieurs aux recommandations de l’OMS et que 98% urbains sont exposés en 2011 à des concentrations d’Ozone supérieurs aux seuils de l’OMS.

Le CIRC (centre international de recherche sur le cancer) dépendant de l’OMS (organisation Mondiale pour la Santé) lançait un pavé dans la marre en octobre 2013, en classant la pollution de l’air extérieur comme cancérigène, notant une plus grande fréquence des épisodes de pollution dans les zones densément peuplées. En 2010 le CIRC fait état du décès de 223 000 personnes par cancer du poumon dans le monde.
Ce qui est intéressant c’est le CIRC envisage la pollution globale et non polluant par polluant, car c’est bien un cocktail de l’ensemble des polluants que nous respirons.

 Le Commissariat au Développent Durable a publié en octobre 2013 deux rapports qui analysent les effets de la pollution de l'air et son coût qui est pris en charge par le système de soin.

Retrouver le n° 176 de la publication « le point sur » téléchargeable sur le site du Commissariat au Développement Durable dont voici des extraits

Les maladies liées à la pollution touchent particulièrement le système respiratoire, premier système à rentrer en contact direct avec les 12 000 litres d’air inspirés chaque jour en moyenne par un adulte. Les principales maladies, sont l’asthme, les bronchites aiguës ou chroniques, les cancers des voies respiratoires et les broncho-pneumopathies obstructives chroniques (ou BPCO, réduction progressive de la capacité respiratoire).
Les degrés de gravité de ces maladies diffèrent, et peuvent s’accentuer au cours du temps ou à mesure de l’exposition à la pollution. La maladie elle-même peut aussi évoluer vers des formes plus sévères ou des pathologies plus graves. Par exemple, les bronchites chroniques peuvent évoluer en BPCO ; les BPCO ne peuvent pas régresser et évoluent souvent à long terme vers des formes mortelles.
Les effets de la pollution peuvent aussi toucher d’autres systèmes : cœur, circulation sanguine lors d’exposition aiguë à des épisodes importants de pollution (« pic de pollution ») ou affecter des personnes plus sensibles. La bronchite aiguë, dont l’origine est virale ou bactérienne peut se développer sur un terrain fragilisé. La pollution est un facteur prédisposant et favorise la survenue de cas supplémentaires.

Asthme, le coût de la chronicité

L’asthme est, en nombre de malades, la principale affection causée par la pollution de l’air et c’est aussi la plus coûteuse. Le nombre de cas attribuables à la pollution est difficile à préciser. Il se situe dans un intervalle entre 400 000 et 1 400 000, soit entre 10 et 35 % (chiffres Anses) de l’ensemble des 4 millions de cas d’asthme traités annuellement. Le coût unitaire des soins et traitements varie fortement selon la gravité, de 440 €/ an pour l’asthme léger à 1 540 €/an pour l’asthme sévère. De plus, ces asthmes environnementaux occasionnent entre 20 000 et 70 000 passages aux urgences pour un montant unitaire moyen de 190 €. Compte tenu de ces variations, le coût total se situe dans un intervalle de 335 à 1 100 M€.

Bronchite aiguë, un très grand nombre de cas

Il s’agit des bronchiques induites par une hypersensibilisation des bronches à la pollution, favorisant l’installation d’un virus ou d’une bactérie. Après avoir retranché les cas des enfants de moins de 15 ans, l’étude a estimé la fraction attribuable à l’environnement des adultes à 5 % du total des 10 millions de cas de bronchite annuels.
Ainsi, 950 000 nouveaux cas sont attribuables à la pollution dont 450 000 concernant les enfants et 500 000 les adultes. Le coût total est de 170 M€ dont un coût prépondérant pour les adultes (147 M€) du fait des indemnités journalières qui leur sont versées (coût unitaire de 240 € face à 50 € pour les enfants).

Nombreuses hospitalisations

Les personnes particulièrement sensibles (personnes malades ou âgées, très jeunes enfants) peuvent être hospitalisées pour traiter des difficultés respiratoires, circulatoires ou cardiaques déclenchées lorsqu’elles sont exposées à la pollution. Le nombre de cas d’hospitalisations augmente aussi lors d’épisodes sévères de pollution. 33 500 cas d’hospitalisations sont attribuables à la pollution dont 20 000 pour des problèmes cardiovasculaires et 14 000 pour des problèmes respiratoires. Leur coût total est de 155 M€

Bronchite chronique, parfois évolutive, potentiellement réversible

La pollution de l’air est responsable de 134 000 nouveaux malades par an, soit 10 % des nouvelles déclarations annuelles de bronchite chronique, pour un coût total de 80 M€ (le coût annuel moyen est de 600 €, comprenant consultations et traitements sur l’année). La bronchite chronique est provoquée par l’irritation due aux agents chimiques de la pollution. Elle est réversible et peut disparaître lorsque le patient est éloigné des sources de pollution. A l’opposé, à long terme la maladie peut évoluer vers une pathologie permanente et non réversible, la BPCO.

Broncho-pneumopathie chronique obstructive

Le nombre de nouveaux malades attribuables chaque année à l’environnement est estimé entre 26 600 et 39 500 soit 10 à 15 % (estimation de l’étude) du nombre total de nouveaux malades. Le coût unitaire dépend de la gravité et le coût total varie de 30 à 46 M€. Pour une estimation complète, ce montant devrait être majoré du coût des conséquences de la maladie (aide à domicile, oxygénothérapie permanente…), qui augmentent à mesure de l’aggravation de cette maladie qui n’est pas réversible.

Le coût élevé du traitement des cancers des voies respiratoires

Le nombre de cas de cancer est beaucoup moins élevé que celui des autres maladies concernées, toutefois le coût total reste élevé, entre 53 et 138 M€, compte tenu des coûts des protocoles de soins et des longues durées d’arrêt de travail du patient. Le coût moyen par cas est de 31 300 € (24 000 € pour les soins et 7 300 € pour les indemnités journalières).
L’intervalle se situe entre 1 600 et 4 020 nouveaux cas par an attribuables à la pollution, soit entre 4 et
10 % de l’ensemble des nouveaux cas pour les cancers des voies respiratoires basses (poumons, bronches, plèvre). L’intervalle des cancers des voies respiratoires hautes (lèvres, cavité orale, pharynx) est entre 76 et 380 nouveaux cas par an, soit 1 à 5 % de l’ensemble des cas.

Le coût total est évalué entre 0,8 et 1,7 milliard d’euros par an

 D'autres études et estimations


L’Institut de veille sanitaire (INVS) en octobre 2012
, publiait les résultats d’une étude sur l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique dans neuf villes françaises
Pour ces 9 agglomérations totalisant 12 millions d’habitants, si les valeurs guide de l’OMS étaient respectées, permettrait :
 pour le Particules fines (PM10) d’éviter 360 hospitalisations par an pour cause cardiaque et 673 pour cause respiratoires.
 pour les PM2,5 d’entrainer un gain d’espérance de vie à l’âge de 30 ans de 3,6 à 7,5 mois ce qui représente plus de 2 900 décès par an
 pour l’Ozone de différer 69 décès par an et éviter 62 hospitalisations respiratoires.

La revue Lancet en juillet 2013 rapportait les résultats de 2 études européennes : «  ils n’ont pas trouvé de seuil en dessous duquel il n’y avait pas de risque, et même des expositions brèves peuvent provoquer des hospitalisations ou des décès  »

 La qualité de l'air dans l'agglomération Toulousaine

Comme pour notre région, elle est mesurée et modélisée par l’ORAMIP (Observatoire Régional de l’Air de Midi-Pyrénées
En 2012, la valeur limite pour la protection de la santé n’est pas respectée pour le dioxyde d’azote à proximité des axes routiers de l’agglomération toulousaine en moyenne annuelle et en nombre de dépassements horaires, de même pour l’Ozone, 22 jours de dépassements de la valeur règlementaire

Au total en 2012 : 51 procédures d’alertes déclenchées sur le Région dont 13 pour l’agglomération toulousaine mais 15 pour l’agglomération de Tarbes

Les indices de qualité de l’air pour 2012 :
 pour Toulouse : bons et très bons 66% … mais médiocres et mauvais14%
 Pour Tarbes : bons et très bons 60% … mais médiocres et mauvais 20%

Je n’ai pas tous les indices pour 2013, mais ceux de l’été 2013 sont mauvais avec des dépassements de seuils pour tous les polluants, en particulier pour le périphérique toulousain.

Pour le 3e trimestre, on est autour de 50% d’indices bons ou très bons et 48% médiocres et mauvais pour Toulouse.

  L'Etat français est obligé de réagir, cette pollution de l'air lui coûte cher

En terme dépenses de santé de 0,8 à 1,7millions d’euros par an pour le système de soin

Son contentieux européen peut lui coûter plusieurs millions d’euros d’amende dans les 2 prochaines années. Il est reproché à la France de ne pas respecter les valeurs limites de particules PM10 depuis 2005, le non-respect des valeurs limites de concentration pour le Dioxyde d’Azote, et pour le dépassement de plafond national d’émissions d’oxydes d’Azote. (L’Europe a engagé des procédures à l’encontre de 17 Etats membres Pour le PM10)

Aussi un Plan d’urgence pour la qualité de l’air (PUQA) a été présenté le 6 frévrier 2013 avec 38 mesures, dont 25 sont à décliner sur le plan local.


Publié le lundi 3 mars 2014.