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Par Jean-Charles Valadier, des Amis de la Terre Midi Pyrénées

Les Amis de la Terre de Midi-Pyrénées ont donné un avis défavorable à l’Enquête publique sur le projet urbain TESO qui a eu lieu du 14 mars au 30 avril 2019.

La philosophie générale du projet est de concentrer un habitat vertical et dense au croisement des lignes de métro et de la future LGV. Le modèle urbain et architectural proposé correspond au savoir-faire des multinationales du BTP et de la finance, celui d’une forte densification verticale. Il conforte les projets de moyens de transport qui creusent la dette publique et dont la réalisation n’est pas acquise :
• le projet du futur métro TAE à plus de 2 milliards € et non encore soumis à l’enquête publique.
• le projet de ligne LGV à plus de 8 milliards € et remise à plus tard.

 TESO : une forte densification verticale

TESO est un projet de tours et de barres d’Immeubles de Grande Hauteur (IGH). Avec une hauteur de plus de 150 mètres, la Tour Occitanie attenante à la gare serait le premier gratte-ciel de Toulouse. Par sa complexité technique, et donc son coût, elle serait réservée aux très riches. Le bilan carbone d’un tel bâtiment est fortement négatif alors que dès 2020 l’énergie positive sera obligatoire pour les constructions neuves.

 TESO : le non-respect de l'existant

TESO est un projet urbain de destruction systématique du bâti existant. Ainsi, un traitement radical est prévu pour l’avenue de Lyon, pourtant représentative du bâti historique et qualitatif du patrimoine urbain de la fin du XIXe siècle. Elle est détruite et élargie avec des bâtiments atteignant, pour certains, 50 à 60 m de haut. TESO alimentera très fortement le transport des gravats qui constitue une grande part en poids du trafic camion de la ville de Toulouse. C’est un principe qui va à l’encontre de la politique de valorisation des matériaux prônée par les nouvelles mesures écologiques.

 TESO : toujours plus de voitures

L’agglomération toulousaine est l’une de France où l’usage de la voiture individuelle est le plus massif. L’enjeu des années futures n’est ni dans la dizaine de milliers de voyageurs qui emprunteraient la LGV vers Paris ni la création d’une seule 3e ligne de métro réalisable à l’horizon 2026. Une agglomération respirable débarrassée de son trop plein de voitures nécessite au contraire :
• un réseau ambitieux de trains d’agglomération de type RER qui permettrait une densification modérée des villes de l’agglomération autour des gares de l’étoile ferroviaire toulousaine,
• un réseau maillé de bus, tramway et métro qui permettrait une densification douce du bâti existant autour des centaines d’arrêt du réseau.

Dans ce contexte, la très forte densification verticale proposée pour TESO n’a plus de sens.

 Nous exigeons un autre projet urbain

La concertation avec la population avait montré une forte volonté pour bâtir une ville à visage humain, conviviale, avec une identité urbaine et architecturale propre à notre cité historique, selon un modèle urbain intégrant les dimensions écologiques et sociales de ce siècle.

Les Amis de la Terre de Midi-Pyrénées demandent qu’un projet urbain de densification plus faible soit aussi soumis au débat public. Un projet d’immeubles de hauteurs variées, entre 3 à 6 étages avec une ou deux dizaines de locaux d’habitations ou d’activités, et associé à une circulation apaisée correspondrait parfaitement à ce modèle. Il permettrait d’intégrer harmonieusement le nouveau flux piétons très important que devrait générer une grande gare multimodale accueillant RER, bus, tramway et vélo à Matabiau. Il s’inspirerait de la structure paysagère des faubourgs toulousains, composée d’une multitude de petites terrasses et cours végétalisées. La modernisation de l’avenue de Lyon et de la rue des Cheminots respecterait la plupart des immeubles existants en les intégrant au nouveau projet sans destruction systématique. C’est un modèle bien adapté à l’anticipation du phénomène d’îlot de chaleur.

C’est un modèle qui peut se généraliser à tous les secteurs bâtis de l’agglomération. Le défi de la densification de la ville et de la croissance des déplacements se résout ainsi tout naturellement en reconstruisant la ville sur elle-même.


 Toulouse 2031 voit plus loin !

LES AMIS DE LA TERRE PARTICIPENT AU COLLECTIF TOULOUSE 2031

Toulouse 2030, c’est la vision de Toulouse des grands groupes industriels et financiers tels que Kaufman & Broad, Bouygues Immobilier, Nexity, Suez ou encore Veolia. Ils ont occupé la place du Capitole pendant 3 jours en octobre 2018 pour rendre séduisante une ville de voitures électriques, de tours et immeubles, de domotique verte avec caméras et capteurs intelligents partout.
Les Amis de la Terre se sont joints aux associations toulousaines Droit Au Logement 31, Association des Usagers des Transports de Toulouse AUTATE, CCNAAT Collectif Contre les Nuisances Aériennes de l’Aéroport de Toulouse Blagnac, Université Populaire de Toulouse, Fondation Copernic, Non au Gratte-ciel de Toulouse pour construire avec les toulousain-e-s une autre vision de notre agglomération sur les thèmes de l’écologie, le logement, l’urbanisme, les transports, la culture. C’est Toulouse 2031, où nous y proposons aussi notre vision du cycle de vie des objets, des déchets et de leur valorisation.


Publié le dimanche 30 juin 2019.