COMMUNIQUÉ INTER-ASSOCIATIONS : LES AMIS DE LA TERRE MIDI-PYRÉNÉES, CUGNAUX EN TRANSITION, AXE VERT DE LA RAMÉE, PAD (PENSONS L’AÉRONAUTIQUE POUR DEMAIN), PLAISANCE POUR LE CLIMAT
Nos associations ont pris connaissance du projet d’aménagement d’un « Technocampus hydrogène » sur la ZAC de Francazal lors des réunions publiques du 15 février et du 9 mars 2023 à Cugnaux et au travers des différents documents mis à disposition sur les sites de la concertation de Toulouse Métropole et de celle de la Région Occitanie. Notre collectif déplore un investissement public de 40 M€ pour un projet à contresens des enjeux climatiques auxquels nous faisons face.
Lors de la réunion publique du 9 mars, M. Turpin, Directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’hydrogène, a affirmé qu’il faisait de la recherche et qu’il appartenait aux citoyen·nes de définir quels étaient leurs besoins et priorités quant aux applications de ce vecteur d’énergie.
C’est à ce titre qu’un collectif d’associations a décidé de participer à la concertation et de publier un premier communiqué pour interroger le projet au regard de la situation et des besoins en matière de mobilité. Comme nombre de citoyen·nes qu’il représente et à l’aune des enjeux climatiques, de préservation de la biodiversité et de raréfaction de nos ressources, le collectif interpelle les décideurs.
Toulouse, berceau de l’aviation française et de son fleuron industriel, a fait le choix de miser sur le développement sans fin de la filière aéronautique qui a enrichi une grande partie de l’agglomération au prix de son artificialisation massive. Il est encore temps de prendre le virage de la transition énergétique et écologique, tout est une question de trajectoire.
La résilience du territoire toulousain au dérèglement climatique est-elle compatible avec une dépendance forte à un secteur industriel gros consommateur de ressources fossiles ?
Le futur vu par les industriels s’appuie sur une prévision de croissance continue avec un trafic aérien qui pourrait au moins doubler d’ici 2050 (+3,6 % par an de 2020 à 2050).
Les progrès technologiques ont certes permis de gagner beaucoup d’efficacité énergétique ces 30 dernières années en améliorant le rendement des moteurs, les fuselages et la masse des avions, mais la croissance du trafic a été telle que l’aviation est responsable de près de 6 % du changement climatique.
LE PROJET REPOSE SUR DEUX POSTULATS TOTALEMENT MENSONGERS : UNE TRANSITION ÉCOLOGIQUE ASSURÉE PAR UNE AVIATION DÉCARBONÉE ET LA CAPACITÉ FANTASMÉE DE L’HYDROGÈNE
Le pari de l’industrie et de la recherche associée est donc maintenant de démultiplier encore les gains en émissions de CO2 pour diminuer l’empreinte carbone actuelle tout en doublant le trafic aérien.
Une des solutions présentées par certains industriels est basée sur l’hydrogène (H2), qui est aujourd’hui présenté comme une filière d’avenir incontournable car le moteur à hydrogène n’émet pas directement de CO2. Ils sont aidés en cela par les institutions publiques à grand renfort de promesses de maintien et de développement des emplois du secteur. Le Technocampus de Francazal est l’une des pierres angulaires de ce plan. Si les responsables de la Région prennent jusque là quelques précautions oratoires, Toulouse Métropole ne fait aucun secret de la vocation aéronautique de ce centre de recherche présenté comme « unique et hybride ». La Région ne souhaite d’ailleurs pas concentrer sur la Métropole les capacités de recherche qui concernent le transport routier ou ferroviaire.
Mais qu’en pense la communauté scientifique ?
Selon de nombreux·ses expert·es, dont beaucoup issu·es de nos grandes écoles aéronautiques toulousaines, l’utilisation de l’hydrogène ne sera possible que pour l’aviation régionale car il a plusieurs défauts majeurs. N’étant que très faiblement présent dans la nature, il faut le produire principalement par électrolyse de l’eau et cela nécessite beaucoup d’électricité. Celle-ci sera dans le meilleur des cas issue de sources renouvelables, mais aussi en grande partie de centrales nucléaires afin de ne pas empirer les émissions de CO2. Le stockage du H2 nécessite aussi des réservoirs à très basse température pour le maintenir à l’état liquide. Enfin, il est majoritairement prévu de l’utiliser pour produire de l’électricité afin d’alimenter des moteurs électriques, ce qui demande de passer par une pile à combustible réduisant encore le rendement énergétique global.
Compte tenu de ces contraintes, l’une des conclusions des scientifiques est qu’il n’y a aucune trajectoire soutenable sans une forte diminution du trafic aérien. Cela fait écho au besoin de sobriété que le GIEC a rappelé dans son dernier rapport avec un caractère d’urgence absolue pour
pouvoir maintenir la vie sur Terre.
Notre collectif alerte donc sur le fait que la priorité des investissements publics ne doit pas être l’avion à hydrogène. Nous proposons d’orienter ces financements vers d’autres supports comme les véhicules intermédiaires entre le vélo et la voiture, ou des utilisations de l’hydrogène plus en adéquation avec les enjeux environnementaux.
CONTACT PRESSE : COLLECTIF PAD / 0637807005
Téléchargez le dossier de presse :