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Sites et sols contaminés




Par Michel Kaemmerer

 La problématique

Aujourd’hui, les citoyens se préoccupent de plus en plus de la qualité de leur environnement. Cela concerne notamment des sites industriels dont les activités passées ou actuelles peuvent contaminer plus précisément les sols, et par voie de conséquence les eaux superficielles et profondes. Deux banques de données concernant ces sites ayant eu dans le passé, ou ayant encore une activité industrielle et/ou de service, susceptible de contaminer et/ou contaminante, sont à la disposition du citoyen : BASIAS et BASOL, mises en place à partir de 1998. Elles peuvent être consultées sur le site internet du BRGM (Bureau de Recherche Géologique et Minière), ou en Préfecture.
Les sols contaminés doivent être traités afin d’extraire le ou les contaminants, ou de les éliminer (en fonction du type de contaminants), soit sur site, soit une fois déplacés sur un site spécialisé pour ce type de traitement.

  Objectif du traitement

Il est de revenir à un état, non pas tel qu’il était avant la contamination, mais à un niveau acceptable pour une nouvelle activité, soit industrielle, soit résidentielle. Cela signifie que la totalité du/des contaminant/s ne sera pas éliminée.

La responsabilité pénale et financière revient au pollueur (loi concernant les déchets, principe pollueur-payeur, article L110-1, II, 3° du code de l’environnement), lorsque celui-ci est identifié. Lorsque le site est déclaré « orphelin », c’est l’Etat qui doit prendre à sa charge la décontamination.

 Techniques existantes

Les techniques de traitement sont nombreuses, les premières mises en place et les plus utilisées étant chimiques ou physico-chimiques. Ce sont des techniques coûteuses, impliquant souvent un déplacement des sols contaminés vers un site spécialisé ; dans ce cas, le sol garde le statut de déchet et une fois traité, il doit être stocké en site habilité à recevoir ce type de déchets.

Les techniques biologiques sont plus récemment utilisées. Elles sont souvent nettement moins coûteuses que celles citées précédemment, mais les performances d’élimination restent inférieures. Ces techniques de bio-remédiation impliquent des microorganismes, des algues, des champignons et/ou des végétaux supérieurs. Ces derniers sont utilisés en phyto-remédiation. Celle-ci a été mise en place aux Etats-Unis d’Amérique et au Canada dans les années 80-90 et des applications industrielles y sont développées, notamment au Québec. En Europe, cette technique reste encore peu développée, et en France, cela reste encore principalement à l’échelle du laboratoire. Il reste encore de nombreux domaines à explorer avant de pouvoir proposer une technique industrielle : choix de la plante, cinétique d’extraction, type de chélatant, aménagement du site, etc.

Pour répondre aux nombreuses incertitudes concernant la phyto-remédiation, et en s’appuyant sur des résultats parfois négatifs de traitements industriels qui l’utilisent (par exemple, déplacement de la contamination vers les eaux profondes, délais trop longs, transfert des contaminants dans la chaine alimentaire ; aléas climatiques …), le projet Déplassmétaux est lancé. Il est élaboré par une équipe composée
 d’une équipe du laboratoire Ecolab (CNRS-Institut National Polytechnique de Toulouse- Université Paul Sabatier),
 du laboratoire LCA (INRA-INPT),
 de l’entreprise Valgo (porteur du projet),
 du bureau d’étude EGEH,
 et de la mairie de Graulhet (Tarn),

Il a été conçu pour apporter un certain nombre de réponses à ces problèmes. L’ADEME et la Région Midi-Pyrénées soutiennent financièrement ce projet sur trois ans.

Ce projet concerne des pollutions minérales (élément trace métallique : ETM) qui constituent un risque sanitaire potentiel en termes de qualité de sol, eaux superficielles et souterraines, végétaux cultivés…Il s’inscrit donc dans une démarche de développement durable en permettant de répondre à la demande sociétale d’expansion et d’aménagement, mais surtout en substituant la mise en confinement ou en décharge de gros volumes de sols pollués par des concentrations en éléments traces métalliques élevées, qui cependant représenteraient de très petits volumes de boues une fois extraites. Ce procédé permet de limiter le transport routier de matériaux pollués et de favoriser l’émergence d’une nouvelle activité source d’emploi pour les sociétés de dépollution.

Le principal objectif du projet est de démontrer la faisabilité d’une dépollution de tels sols par un procédé de phytolixiviation [1] assistée, combinant la phytoremédiation / phytoextraction [2] par des plantes (sélectionnées sur des critères précis), non comestibles, à biomasse importante, gros volume racinaire, rusticité, peu fragiles aux parasites, adaptables sur tout type de sols, …, (le choix s’est porté sur le pélargonium, encore appelé géranium odorant) et la lixiviation de métaux extraits par un agent déminéralisant (chélation). Cet agent chélatant [3] permet de raccourcir considérablement le temps d’extraction en augmentant la mobilité des ETM ; il peut être une molécule chimique utilisée en agriculture pour faciliter la nutrition en oligoéléments, ou une molécule extraite de la matière organique naturelle soit du sol, soit du compost (acides fulviques, acides humiques).

[1la phytolixiviation est un couplage de phytoremédiation avec un lessivage des ETM par une solution chimique (chélatant + eau)

[2La phyto-extraction utilise des plantes hyper-accumulatrices. C’est une technique « verte » qui s’applique in-situ, n’exigeant aucun intrant chimique particulier autre que des apports raisonnés utilisés classiquement en agriculture, et qui conserve les propriétés du sol, (gestion durable de l’environnement). Ces sols, après traitement et extraction de la partie biodisponible des contaminants minéraux, peuvent être le support d’espaces verts, ou encore de cultures à destinée agro-industrielle.

[3le chélatant (prononcer kélatan, du grec khêlê : pince), en présence d’un métal, « pince », attrape le cation métallique et le lie à sa structure moléculaire, formant avec lui un complexe chimique plus ou moins stable.


Publié le lundi 26 septembre 2016.